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Les mécanismes du stress, de l’ennui et du bien-être au travail

Comment expliquer l’augmentation du stress au travail et de la détresse psychologique ? Peut-on lutter contre l’ennui et l’épuisement pour favoriser l’épanouissement professionnel ?

La psychologie nous apporte des éléments de réponse sur les mécanismes de ce phénomène de société.

La stimulation : un prédicteur de l'épanouissement professionnel

La stimulation se définit par la mobilisation de ses ressources mentales pour faire face à une situation ou résoudre un problème complexe.

Mobiliser ses ressources mentales signifie solliciter son jugement, son raisonnement logique, ou encore le langage. Ce sont les fonctions cognitives.

Ces fonctions cognitives de haut niveau impliquent l’activation de régions cérébrales associées du cortex frontal.

Elles permettent de s’adapter aux situations nouvelles et nécessitent une pleine mobilisation de ses ressources attentionnelles.

Activité automatique vs contrôlée

Pour résumer, quand on fait marcher notre cerveau et que l’on réfléchit, on est stimulé! Mais pour être stimulé, il faut avoir la possibilité d’évoluer dans un environnement propice.

Si je réalise des activités ennuyeuses dans mon travail, ou que je maîtrise une tâche à la perfection depuis des années, une routine s’installe. C’est ce que l’on appelle une tâche automatique : je peux l’exécuter de manière automatique, sans réfléchir ou mobiliser ma réflexion.

A l’inverse, si je réalise une tâche où je dois réfléchir, raisonner, développer des connaissances, celle-ci sera stimulante car je mobilise mes ressources cognitives. C’est ce que l’on appelle une tâche contrôlée. Une tâche contrôlée est stimulante mais plus difficile car on ne la maîtrise pas complètement et elle comporte un risque d’échec.

Les tâches contrôlées sont appelées ainsi car elles nécessitent un contrôle attentionnel. C’est par exemple lorsque vous apprenez à conduire : vos ressources mentales et votre concentration sont pleinement engagées, afin de coordonner vos mouvements, vérifier votre vitesse et contrôler la route devant vous. Une fois maîtrisée, la conduite devient une tâche automatique, impliquant peu de ressources mentales et attentionnelles. Ce phénomène s’applique lorsque vous démarrer un nouveau travail et que celui-ci nécessite des apprentissages.

La stimulation cognitive (ou cérébrale) est donc un processus permettant d’agir et créer des changements dans son environnement. C’est le rapport entre un individu et son environnement de travail. Pour se sentir épanoui(e), il est essentiel d’avoir un minimum de tâches contrôlées. En l’absence de tâches contrôlées, et donc de stimulation, nous sommes à risque de développer un état d’ennui.

L’ennui est le résultat d’une absence de stimulation cognitive et une sous-activation du cerveau. Dans ce cas, votre cerveau n’est pas ou peu sollicité par votre environnement de travail. C’est opérer des tâches automatiques qui ne demandent pas d’attention et de ressources mentales (raisonnement, logique…).

S’exposer à un degré modéré de stimulation

Bien que la stimulation soit un critère relié au bien-être, un excès de stimulation peut amener à terme à un état d’épuisement. C’est par exemple le cas d’une charge de travail trop importante qui génère une surcharge mentale et une sur-activation du cerveau. Cette sur-activation augmente le risque d’épuisement et une incapacité à faire face aux demandes de son environnement.

Il est essentiel d’évaluer le degré de stimulation auquel nous sommes confrontés au travail. Au-delà d’un seuil de stimulation, nous sommes à risque de tomber en état d’épuisement.

Comment sortir d’un état d’ennui ou d’épuisement ?

Pour retrouver un épanouissement au travail, il est possible de se faire accompagner par un professionnel dans le cadre d’une psychothérapie. La psychothérapie est particulièrement utile pour sortir d’un épuisement émotionnel.

Le bilan de compétences est également un bon point de départ, notamment pour lutter contre l’absence de stimulation au travail. Il vous permettra de faire un état des lieux de votre situation, définir un projet stimulant et mettre à jour vos objectifs professionnels.

Il existe deux stratégies pour rester dans une zone optimale de stimulation, associée à l’épanouissement et au bien-être :

  • Stratégie 1 : lister les sources de stimulation qui génèrent un plaisir intrinsèque. Inventorier et hiérarchiser ses centres d’intérêt permet de se recentrer sur ce qui vous procure de l’énergie au quotidien. Ce travail préliminaire orientera ensuite vos actions et vos choix : demande d’évolution en interne, changement de missions sur le poste actuel, changement d’entreprise, reconversion professionnelle…
  • Stratégie 2 : instaurer un « périmètre de sécurité » autour de vous, dans votre environnement de travail, afin de vous protéger d’une surcharge mentale (= sur-stimulation). Cela implique de clarifier avec vos collègues et supérieurs la charge de travail que vous êtes en mesure d’absorber. Il sera alors essentiel de communiquer lorsque vous atteignez la limite de vos capacités et que le travail génère trop de stress. Une capacité à s’affirmer et à dire « non » devient centrale pour préserver sa santé psychologique.